A Monsieur Brassens.

Vingt ans ont passé et les temps ont changé. Les copains , d’abord, sont presque tous partis. Tu avais soixante ans… Cette année-là, les trompettes de la renommée, comme un hommage, ont salué l’homme qui vivait simplement, la pipe au bec, les mots-couleurs, les mots-saveurs, et la guitare devant.
Les dames du temps jadis, tu nous en parlais souvent… Les amours d’antan, on les retrouvera, le temps ne fait rien à l’affaire, entre la rue Didot et la rue de Vanves.
Une verve sans pareille au service du non-conformisme, mais au royaume de l’utopie, tu n’as pas voulu que ton nom soit inscrit. Tu regardais la vie en face, nous la renvoyais comme une farce, et le temps que nous comprenions, partais à la chasse aux papillons.
Dans un recoin secret de ton âme, habitait dame Jeanne, muse et aimante, maternelle et protectrice.
La plage de Sète s’ennuie toujours ; les vagues s’élèvent comme hier, pour tomber encore et encore, soupirs d’amour, odeur de mort…
Mais toi, poète et baladin, provocateur, souvent mâtin, tu nous as montré un chemin, le boulevard du temps qui passe, tout en pudeur et poésie ; toi le timide, tu nous a séduits. Garde ta guitare à la main dans le paradis des païens.

Sylvie Lalande… Février 2002

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