Visite à l'impasse

C'était au tout début de juin
de l'année qui sonne la fin
du millénaire,
qu'mon coeur ému guida mes pas
le long de la rue d'Alésia :
point de repère.

Pour ne rien voler à mes yeux
de cet instant pour moi précieux,
j'déambulais,
pour que lentement elle me fasse
l'honneur de m'accueillir, l'impasse,
dans son palais.

Demeure du prince des bons mots
qui porta aux fonds baptismaux
tant de poèmes,
me livreras-tu en sourdine
de tes tournures alexandrines
comme je les aime ?

Chantonnant les notes de "la Jeanne",
de "la supplique" ou de "la cane",
sans retenue,
Le temps coulait en compagnie
de ces moments où la magie
vous monte aux nues.

Lorgnant derrière sa porte mi-close
comme pour me dire que j'l'indispose,
le vieux voisin,
a-t-il trinqué, là, sous son toit,
avec le poète Sétois,
son verre de vin ?

Puis rompant son charme impassible,
la ruelle d'un rien ostensible
se réveilla :
Là, où il n'y a pas d'horizon
un volet s'ouvra d'la maison
de l'Auvergnat.

Deux mains qui prestemment s'activent
sur les vieilles persiennes plaintives,
c'est Gibraltar !
vaillamment lui en serrer une
mais mon toupet m'joue l'infortune,
il est trop tard !

Michel MARCHAND
Montigny les Metz (57)

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