Vingt ans après

Le parapluie à la main, le vieux Léon s'éloigne, nonchalant. Il sourit en fredonnant les amoureux des bancs publics pendant que la brave Margot embrasse tendrement Pauvre Martin. Il vient s'asseoir auprès de son arbre puis repense à la première fille qu'il a pris dans ses bras.
Mais pourquoi lorsqu'il lui a fait sa non demande en mariage, elle est partie avec celui qui a mal tourné ? Alors, depuis ce jour, il se dit qu'il n'y a pas d'amour heureux. L'orage éclate. Cela lui rappelle la guerre de 14-18, l'Hécatombe. Il rend visite à l'Oncle Archibald. Ensemble, ils évoquent le temps passé, la chasse aux papillons, les funérailles d'antan. Dehors, sous l'amandier il aperçoit les sabots d'Hélène dans l'eau de la claire fontaine. La cane de Jeanne plonge et replonge encore.
Il est l'heure de rentrer, la maison n'est pas loin, il suffit de passer le pont comme hier. Il rencontre le petit cheval. Le vent souffle sur les lilas. Il salue la femme d'Hector, Pénélope et se dit que décidément, chez elle il n'y a rien à jeter. La marguerite cueillie au petit matin dans la mauvaise herbe s'est déjà fanée. A la radio, Brassens affirme: je suis un voyou. Un voyou ? Peut-être rétorque le vieux Léon, mais un ami surtout ... un copain d'abord !

Michel Henrot (Fumay) novembre 2001

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