Joy SORMAN
Comme une bête

Ce livre a obtenu le Prix littéraire Georges-Brassens 2012 décerné à l'auteur lors des Journées GB du Parc Brassens (Paris 15ème).

Voici l'avis de Dominique Léger (de l'Express) :

"Un pied dans le reportage, l'autre dans la fiction, Joy Sorman installe ses livres dans des univers précis : hier la foule de la gare du Nord, aujourd'hui la filière de la viande (Comme une bête, Gallimard), n'hésitant pas à introduire du fantastique dans le prosaïque. Si l'origine de la filière dans les fermes et les prés de la campagne française croise souvent la littérature, sa finalité à l'étal du boucher l'inspire rarement... Mystère du cheminement de l'imagination, c'est une jeune romancière branchée qui s'y colle.
J'ai eu envie de lire ce roman pour deux raisons : fils d'éleveur, ce monde ne m'est pas étranger et, découvrant l'argument, je pensais bien y trouver une façon originale de traiter un fameux paradoxe : nous aimons les animaux et nous les tuons pour les manger. Nos lointains ancêtres en avaient le besoin vital - tu cueilles ou tu chasses -, la civilisation a jeté le trouble en liant chasseur et gibier. De la peluche fusionnelle au steak dans l'assiette, voilà bien un "world paradox", générant par ailleurs l'un des premiers traumas de l'enfance. Suprême raffinement : les uns se régalent de viande des chevaux quand d'autres sacrifient des chiens ou des chats. Le roman le confirme : voir tuer un animal dans la familiarité de sa paille est une chose, visiter un abattoir industriel en est une autre, justifiant le choix d'une minorité de devenir végétarien. Bon, dit la majorité, je ne veux pas voir et vive la boucherie !

Pim, le personnage du livre, n'est pas viandard, il est viande. Choisissant son apprentissage avec la part habituelle de hasard, son métier devient une passion puis tourne à l'obsession : ses copines en témoignent, le quittant effrayées qu'il comptât leurs côtes premières en faisant l'amour... Avec lui, tailler une bavette prend un sens ambigu (on pense au film de Claude Chabrol, Le Boucher).

Ce n'est pas un grand livre mais c'est un livre "qui a du chien", que j'ai lu plaisamment. Il intègre l'explication de la transformation d'un animal vivant en tranches prêtes à cuisiner, fait visiter Rungis et son pavillon de la viande, initie à la connaissance de la panoplie d'outils du boucher, rappelle que la pratique bouchère parisienne tend à l'excellence, etc. Le tout épicé des fantasmes gore du héros et relevé d'un humour qui tient sang cuir et boyaux à distance acceptable."

Prix : 16,50 euros

Editions Gallimard (août 2012)

PS: rappelons que le Prix Littéraire Georges-Brassens est doté grâce au mécenat de M. Alain Wicker

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