Geneviève LATOUR
LE CABARET THEATRE 1945-1965

Un bel article de Laurent Lemire (La Croix) pour vous présenter cet indispensable ouvrage paru en 1996 à l’occasion d’une exposition et dans lequel Georges Brassens est souvent cité :

« C'était du temps où la vie était dans les caves. C'était un temps où il y avait de la vie. Paris découvrait le jazz, Vian jouait de la trompinette, Ferré, Brassens et Brel affrontaient leur premier public, venu autant pour boire un verre que pour les écouter. Et que dire de l'insolence mutine de Gréco, des jeux de mots de Boby Lapointe, des sketches loufoques de Pierre Dac et de Francis Blanche, des complaintes mélancoliques de Mouloudji ou des premiers pas de Béjart à La Fontaine des quatre saisons. Cela dura vingt ans, deux petites décennies qui auront suffit à faire de Paris l'égale de Berlin pour les cabarets-théâtres.

Un sujet qui a passionné Geneviève Latour, historienne du théâtre à qui l'on doit déjà des expositions-références, notamment l'année dernière sur Le Théâtre, reflet de la IVe République. Pas étonnant. Il n'y avait rien sur ces scènes oubliées où les plus grands ont débuté. Et les témoins se font de plus en plus rares. D'où l'urgence de collecter, de rassembler photographies, affiches et documents pour tenter de recréer l'ambiance de ces lieux où tout pouvait surgir, à commencer par le talent d'un nouveau venu.

Geneviève Latour nous invite à la suivre dans 51 cabarets, sur la rive droite comme sur la rive gauche : le Tabou et ses existentialistes, L'Amiral avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, La Tomate où l'on parlait politique et la Rose rouge, si étroit dit-on, que chacun était assis sur les genoux de son voisin...

Puis le temps a passé. Les patrons de cabarets ont été obligés de déclarer les sommes qu'ils versaient aux artistes en liquide, après avoir « fait la caisse ». Ces mêmes artistes, devenus célèbres, accédèrent à la télévision. Plus besoin de descendre dans les caves pour les voir. De ces 20 années, il ne reste plus grand-chose. L'Ecluse est devenu un bar à vin, Le Drap d'or s'appelle aujourd'hui Le Raspoutine, la Rose rouge s'est transformée en club privé, La Fontaine des quatre saisons est un musée Maillol et le Tabou a été détruit. Reste l'inébranlable Lapin agile sur les flancs nord de Montmartre. Mais les poètes ont disparu. Désormais, ce sont les touristes qui envahissent le lieu. »

Format à l’italienne (29 cm x 21 cm)
170 pages, 130 illustrations (noir & blanc et couleur)

Editeur : Bibliothèque historique de la Ville de Paris/Agence culturelle de Paris (2° tr. 1996).

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